Des Pratiques Innovantes

Présentation de ma pratique de classe par Nathalie

 

         Depuis le début de ma carrière j’ai rencontré des élèves de 3 à 11 ans dans des milieux ruraux (en Ariège) et urbains. Dès mes premiers pas dans une classe j’ai été littéralement frappée par l’anxiété des élèves et la dévalorisation de ceux dits « en difficultés ». J’ai enseigné à des enfants de CE2/CM1 à qui l’école avait renvoyé une image négative, ils n’hésitaient pas à parler d’eux-mêmes en disant « je suis nul(le), de toute façon je n’y arriverai jamais ! ». Ces élèves avaient baissé les bras. Je me suis alors adapté à chacun en différenciant le travail, individuellement, jusqu’aux évaluations, sans pour autant rabaisser le niveau d’exigence final. J’ai cherché à ce que chacun puisse acquérir des compétences en étant avant tout fier de lui et en se disant qu’il est capable de réussir.

Depuis 4 ans je travaille avec des élèves de maternelle en grande section. Je retrouve alors des élèves de 5 ans qui pleurent lorsque leur travail n’est pas réussi, qui ont une boule au ventre lorsque le moment de la correction arrive, qui n’arrivent plus à reprendre leur souffle lorsque le regard de l’adulte se pose sur le travail, qui sont totalement paniqués par la rencontre avec l’erreur, qui ont intégré le mot « stress » à leur vocabulaire (pourquoi pleures-tu ? – Je suis stressé(e)…)

Alors je me suis dit que ce n’était plus possible qu’il fallait réagir. J’ai donc cherché à adapter totalement ma méthode de travail. J’ai choisi de me tourner vers l’inspiration Montessori en plaçant chaque enfant au centre de son apprentissage, en m’adaptant à chacun. Dans ma classe chacun peut choisir son activité en fonction de ses points forts et de ses difficultés. Les activités de manipulations aident les élèves à qui l’erreur fait peur. Pour autant, les notions seront acquises même si elles sont abordées sous forme de jeux et de manipulations plutôt que dans un cadre de papier-crayon. Les élèves font alors passer le nouveau savoir par leur sens (le toucher…) et notamment par le médium de la kinésiologie. Dans leur univers de classe, chacun comprend que s’il ne réussit pas son travail à un instant T il pourra y retourner à sa guise afin de le réussir. En comprenant alors qu’il est maître de son apprentissage, l’enfant s’investit pleinement dans son chemin vers la réussite. Peu à peu, ils arrivent à intégrer l’erreur à leur apprentissage en acceptant qu’il est souvent nécessaire de se tromper pour mettre le doigt sur l’erreur et la dépasser. Une fois cela compris les barrières sont levées et la crainte s’efface. Enfin l’enfant comprend qu’il a le temps ! Le temps de comprendre, le temps de grandir, le temps de réussir ! Ils apprennent alors à apprendre.

Tous les jours, je propose à mes élèves un temps de relaxation-méditation. Allongés par terre, sur le dos, nous prenons conscience de notre respiration et du bien être qu’elle nous apporte notamment quand nous sommes énervés ou anxieux. En respirant ainsi nous arrivons à aborder certaines inquiétudes de la journée et à les dépasser en les relativisant ou en y trouvant des solutions. Ces moments sont apportés au début par l’enseignante puis sont réalisés ensuite selon les besoins et la demande des enfants. Nous n’hésitons pas à tout arrêter dans la journée quand le climat de classe est pesant et qu’il apparaît nécessaire que chacun se détende et reprenne ainsi confiance en lui.

Ces moments aident également les élèves à résoudre les conflits qui éclatent souvent entre eux sur le temps de classe ou sur le temps de récréation. La mise en place du « Blabla » aide les élèves à devenir autonomes et à gérer leurs émotions. Ils nomment l’élève avec qui ils ont besoin de s’entretenir et ensemble ils choisissent un « ambassadeur de la paix » qui servira de médiateur. Celui-ci est choisit pour sa neutralité face au problème rencontré. Ce trio se met dans n’importe quel coin ou recoin de la classe et discute afin de trouver une solution. L’enfant demandeur de cet entretien doit s’exprimer ainsi 1) voilà l’émotion que je ressens 2) voilà ce que tu m’as fait 3) voilà la réparation que j’attends (serrage de main, demande d’excuses…). Les élèves ont alors un moment à eux pour s’exprimer et parler de leurs émotions.  Pendant ce temps de mise au point, le groupe d’élèves restant chante en chœur « Blablablablabla… » pour ne pas entendre ce qu’il se dit.

Depuis la mise en place de ces pratiques de classe et d’enseignement j’ai observé un réel changement dans le climat de classe, beaucoup plus agréable, plus détendant. Les élèves sont fiers d’eux et je tiens tous les jours à féliciter chaque élève (« c’est bien tu peux être fier de toi, tu vois tu réussis très bien, courage continue tu vas y arriver »). Mon regard bienveillant, juste et encourageant est aussi un facteur de motivation et de réussite.

 

         Dans ma pratique de classe je m’attache donc à rendre les enfants autonomes et sereins. Ils savent alors s’auto-évaluer, tant dans leurs compétences que dans leur comportement. Une classe bien vivante et bienveillante.